Conférence du Lion d'Angers: comment prévenir et guérir la RhodococcoseLe fléau qui décime les élevages depuis de longues années en France a enfin fait l'objet d'une conférence publique après la présentation des étalons nationaux du Lion d'Angers, le samedi 16 janvier. La science ne propose aucune méthode imparable. Il faut prévenir avec du bon sens, déceler avec assiduité et soigner cette maudite Rhodococcose avec des antibiotiques qui ont prouvé leur efficacité.
Bien que le laboratoire Franck Duncombe de Caen et de nombreux vétérinaires dans le monde se soient penchés depuis longtemps sur le problème très grave de la Rhodococcose, les éleveurs sont restés désemparés face à la mortalité infantile qui emporte en quelques jours des dizaines de jeunes poulains. Les détails de cette maladie ont déjà été expliqués dans ces colonnes. Enfin, une conférence a eu lieu au Lion d'Angers, avec 2 vétérinaires, l'1 des Haras Nationaux, l'1 du cabinet de Meslay-du-Maine.
Pour résumer, il n'y a aucune méthode imparable pour éradiquer la maladie. Il est tout de même possible de prévenir et de la guérir sans que les poulains n'en gardent aucune séquelle. La période à risque se situe à la fin du printemps, en période sèche, avec une bactérie volatile qui se transmet très aisément. Il faut éviter les zones de piétinement, , enlever au maximum les crottins, ne pas surcharger les prairies et limiter les déplacements trop fréquents, quitte à laisser le foal dans le camion quand une jument va à la saillie dans un haras extérieur. Le surpâturage est un facteur déterminant pour le développement de la maladie.
Eviter le surpâturage et les zones de piétinementMais en plus, le risque augmente lorsqu'on dépasse le seuil de 15 naissances dans un élevage, intense ou étendu. Il est possible et même aisé et non onéreux de savoir si ses prairies si ses prairies sont infestées en faisant des prélèvements et des testes auprès de labos spécialisés. Les traitements sont eux aussi efficaces, mais la logistique est lourde. La bonne vieille chaux fonctionne bien, mais il faut en mettre tant que plus un brin d'herbe ne dépasse, avec une interdiction de pleuvoir pendant 72 heures! Autrement, il est possible de tuer la bactérie avec la chaleur du compostage, à condition que celui-ci atteigne 60°. Chose étonnante, si la bactérie peut survir en résistant dans la terre pendant des années, elle est tuée immédiatement par les traitements cités ci-dessus. L'expérience menée en ce sens par les Haras Nationaux sur le site du Lion d'Angers a été concluante. Mais attention, le traitement d'un pré est curatif mais pas préventif. Si vous ramenez avec un cheval malade la bactérie dans le pré, elle s'y installera de nouveau.
Soins préventifs : seul l’auto vaccin est efficaceLa prévention par le soin chimique a une efficacité très variable. Le vaccin général ne fonctionne pas, au contraire de l'auto vaccin. C'est un vaccin personnalisé qui correspond à la bactérie propre à son élevage. Pour l'établir, il faut avoir eu un mort et l'avoir autopsié en ce sens. Puis l'autovaccin s'injecte en 2 doses en fin de gestation chez la jument, puis en 3 doses successives chez le nouveau né. C'est un peu morbide, mais ça marche plutôt bien. Il a aussi l'appui d'un plasma au nouveau né. C'est un complément en anticorps qui aidera le jeune et fragile poulain à lutter contre les attaques de la bactérie. Ce plasma coute 250 € et son efficacité est de 33%. Le rapport qualité prix peut sembler douteux a priori, mais cela a quand même un effet et les anticorps peuvent aider à lutter contre d'autres maladies.
Comment détecter un poulain aux portes de la mort
Avant même d'essayer un soin, la grande question est de voir immédiatement le poulain malade. Car la maladie est fulgurante. A la réflexion de d'attendre pour voir si cela passe, la réponse que le poulain est aplati dans le pré...Seule l'observation par un oeil avisé d'éleveur qui connait ses chevaux est efficace. Il s'agit là de repérer des comportements d'apathie, un poulain qui ne se lève pas assez prestement. Bref, le syndrome du poulain trop calme. Si en plus, il a de la température, ça sent le sapin. Si en plus, il est essoufflé sans raison apparente et qu'il dépasse les 30 respirations par minute, alors là il regarde déjà la mort en face.
Comment ramener un poulain d’outre-tombePour autant, il ne faut pas paniquer car le sauvetage est possible si les soins sont prodigués très tôt. Des associations d'antibiotiques plus ou moins onéreux et faciles d'utilisations (pour les détails, demander à son véto) ramènent des poulains d'outre-tombe. Mais si le poulain survit, la questoin se pose immédiatement quant aux séquelles. Là, et c'est un fait essentiel, les vétérinaires ont la certitude, chiffres et statistiques à l'appui, que le fait qu'un poulain ait eu la rhodococcose n'entame en rien sa future carrière de course.
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