Je voulais juste rendre hommage à mon chat,mort mercredi soir,renversé par un chauffard alors qu'il était tranquillement assis devant le portail de sa maison comme à ses habitudes depuis 8 ans...
Ta vie avait commencé sous une voiture,chaton des rues livré à toi mème,une passante t'a ramassé,tu avais le bassin et un fémur cassé.
Elle t'a amené à ma clinique vétérinaire où tu y as grandi aprés avoir réparé tes blessures jusqu'à 6 mois.
Tu vivais en liberté dans les locaux de la clinique et nous as provoqué bien des fous rires:on ne compte plus le nombre de cables machouillés en passant par la souris de l'ordinateur jusqu'au chargeur de téléphone,les razzias dans les stocks de croquettes que tu éventrais allègrement,les boites de médicaments que tu prenais pour des balles,sans parler de ton accueil auprés des clients:chiens ou chats,tu saluais tout le monde nonchalament dans la salle d'attente à chaque fois que le carillon d'entrée sonnait,tu en profitais pour sauter à travers les jambes de certaines clientes et on aurait dit que tu les repérais:"les mèmères à leur chien chien" aux bas tellement irrésistibles étaient ta cible de prédilection!
Puis quand tu as eu 6 mois,ton regard envieux à travers la baie vitrée de la salle d'attente me fendait le coeur,tu avais envie de découvrir le monde extérieur avec tout ce qu'il comportait d'attrayant pour un chaton né dans la rue.
Je t'ai emmené un matin à la campagne et je n'oublierai jamais tes yeux ronds béats de stupeur devant tant de nouveautés,tout était prétexte à jouer,mème les séquelles de ton accident semblaient s'apaiser avec tes scéances de musculation à grimper aux arbres mème s'il fallait souvent t'aider à redescendre au début.
Tu étais "les dents de la mer",le requin terreur des souris,d'ailleurs au rhytme de 3 par jour,tu les as éradiqué en peu de temps.
Tu n'as jamais aimé les calins,ni qu'on te prenne dans les bras,qu'on te porte,toujours fier et méfiant,mais tu savais si bien les demander TES moments de tendresse, quand mouillé par une averse,tu rentrais en plissant les yeux avec un petit miaulement poli,tu t'asseyais devant moi en me fixant dans les yeux en attendant que je m'assois,je m'exécutais et là tu t'installais sur mes genoux et cherchais ma main de la tète,tes billes vertes devenant deux fentes qui ne lachaient plus mon regard.Dans ces moments là,si rares et précieux,c'est à peine si j'osais respirer de peur de gacher cet instant magique où tu abandonnais dans mes bras tes 6 kilos de chat "de la campagne",guerrier défenseur de la maison contre toute intrusion.
Les chevaux te connaissaient bien,fervent équilibriste sur les rebords glissants des abreuvoirs,te cachant dans leur sceaux pour guetter les oiseaux venant manger les restes de céréales autour,il n'y avait plus que tes oreilles fendues qui en dépassaient,complètement aplati dedans et donnant lieux à des démarrages de surprise quand ils venaient flairer leurs gamelles
Combien de fois les as tu fait détaler en te faisant un malin plaisir à glisser sur les toits métalliques de leurs abris de pature, en oubliant sciemment de rentrer tes griffes.
Combien de fois m'as tu fait m'énerver quand tu prenais la serre en plastique abritant le foin pour un trampolin, avec toujours tes griffes sorties et ce grand sourire satisfait qui se dessinait sur ton visage qui me défiait.
Sans parler du canapé auquel tu te suspendais quand ta pitance tardait à venir et du miaulement affreux que tu prenais quand un besoin pressant se faisait sentir à 4 heures du matin et que rien ne pouvait t'arréter de monter dans les décibels, car la "caisse à caca"c'était pas pour toi,trop dégradant m'expliquait ton regard.
Mais tu avais ce regard pénétrant et bienveillant quand j'avais des peines,assis à coté de moi,sans bouger,tu restais d'interminables minutes jusqu'à ce qu'un sourire éclaire mon visage et d'une pirouette tu repartais satisfait.
Tu me manques Nil,alias Nilou,gras du bide et tous les surnoms débiles qu'on donne à ceux qu'on aime.
Tu manques à Titi,ton cadet d'1 an (abandonné devant ma porte à 1 mois),complètement perdu,sans but,lui qui ne te lachait pas d'une semelle malgré les nombreuses tartes que tu lui mettais quand il voulait jouer à "saute mouton" avec toi,cela ne t'empéchait pas de vous rouler l'un contre l'autre tendrement des journées entières au coin de la cheminée.
Voilà,j'ai planté un rosier à l'endroit où tu reposes et je te promet d'en prendre soin,c'est une plante qui te correspond bien,piquante,fière,mais généreuse.
Allez ciao mon nilou,tu étais un sacré chat,c'est si vide sans toi...