Ortho, c'est fait !!! photos 27/10

Voilà les photos d'aujourd'hui ; il ne manquera plus que l'ordi et l'imprimante (qui devraient arriver la semaine prochaine)











Et la vue sur l'extérieur (l'arrière de la mairie de Moreuil)



Les premiers patients ont eu l'air d'apprécier l'ambiance, maintenant... yapuka

Super, c'est chouette. Tous ces jeux !!!!
Je trouve juste ton bureau (la table, pas la pièce) petit. Où vas tu mettre tous ces jeux ?

Re félicitations et courage pour les 25 bilans de cette semaine !
En tout cas, c'est bien sympa "chez toi" !!!

Avec vue sur l'église de Moreuil ! Ouah ! Tu fais fort !

lily

sympa!
tu ne vas recevoir que des enfants, ou aussi des adultes / personnes âgées?

tu es salariée ?

Et, par hasard, tu n'as pas quelqu'un de ta famille qui s'appelle Francis et vit dans l'Oise ? (MP si tu veux)

Cilia : Je reçois des enfants principalement mais aussi des adultes : pour le moment, un monsieur qui sort d'une opération de méningiome fronto-pariétal (bref seconde opération du cerveau pour tumeur, avec maintenant de grosses séquelles) et que je verrais trois fois par semaine et une dame atteinte de sclérose en plaque.

J'aime bien travailler avec des adultes, ça change même si c'est parfois dur (faut pas rêver, on relève souvent de l'accompagnement à la mort dans ces cas-là).

J'ai deux activités : 4 grosses demi-journées par semaine en salarié dans un CDOT sur Amiens (Centre de Diagnostic, d'Orientation et de Traitement, pour des enfants aux pathologies psy et ortho, en grosse difficulté) et là, sur les photos, c'est mon cabinet en libéral.

Et pour finir, non pas de Francis dans ma famille

Lily : ouaip t'as vu, l'église et la mairie de ma fenêtre Mais pour le moment, pas trop le temps de profiter de la vue à vrai dire

Myriam a écrit:

Mais pour le moment, pas trop le temps de profiter de la vue à vrai dire

Et c'est tout le mal que je te souhaite

Myriam, comment en es tu arrivé à la profession d'ortho ? Qu'est ce que tu as trouvé de plus difficile dans tes études ? de plus facile ? de plus suprenant ?
Bon courage !
Valérie

Hou la, vastes questions !
Je partais d'un métier totalement différent (en gros contrôleur de gestion dans une SSII, mais avec plusieurs casquetets en réalité) que j'avais fini par exécrer.
Il y a 5 ans, j'ai tout envoyé balader : mec, boulot... et grosse remise en question, avec un bilan de compétences.
Je voulais un métier de communication, où la parole avait son importance et en même temps les sciences m'attiraient toujours autant. On peut vraiment dire que ma première orientation (magistère de finance d'entreprise et gestion bancaire) était vraiment un ratage total par rapport à mes envies
Bref au cours du bilan de compétences, j'ai enfin pu approfondir les choses mais c'est le hasard qui m'a mise sur la voie de l'orthophonie (une nièce qui en a parlé devant moi comme d'un futur métier possible).
Ca a fait tilt et j'ai commencé à me renseigner sur le métier. Comme beaucoup de gens, ortho, c'était la rééducation des zozotements et voilà... Sauf que j'ai découvert la richesse de ce métier et j'ai plongé !
J'ai eu la chance de réussir le concours du premier coup sans beaucoup de travail en fait.

Le plus dur ? Replonger dans 2 sessions d'examens par an !!! Honnêtement, quand on reprend des études à 37 ans, on n'a pas d'autre choix que réussir et c'est une pression affolante. D'autant qu'on a parfois soi-même enseigné et qu'on mettrait bien des baffes à certains profs par moment Et 4 ans, c'est longggggggggggggggg

Le plus facile : apprendre ! Oui, parce que c'est génial de découvrir de nouvelles choses, parce qu'on n'aborde plus les études de la même façon qu'après le bac et qu'on est à même de tirer vite l'essentiel de ce qu'on nous fait ingurgiter.

Le plus surprenant ? Difficile de répondre à ça... Si, dans un de mes stages, dans un institut pour polyhandicapés : on travaillait essentiellement la déglutition pour des enfants en fauteuil coque, des enfants sans langage et avec un âge mental maxi de quelques mois... bref contexte médical très difficile. Je suis arrivée en voyant des "cas" : une microcéphalie, un bébé secoué etc etc... Je suis repartie en ayant des enfants devant les yeux, avec leurs personnalités malgré tous leurs handicaps et leurs moyens dérisoires.

Ce qui m'a le plus émue : je travaillais pour mon mémoire avec une enfant très handicapée, avec une déficience abyssale, des comportements-problèmes importants. Contact très difficile avec elle et franchement pas toujours facile de garder calme et sourire. Un jour, j'arrive à l'IME où elle se trouve et c'est l'heure de la récréation. Je lui fais un grand signe et un grand sourire. Elle tourne la tête comme d'habitude. Une autre enfant m'aborde en me demandant de renouer ses lacets. Et tout à coup, je sens autour de moi les bras de ma petite Stéphanie ! Pour la première fois après 4 mois d'intervention, elle me montrait à sa manière qu'enfin je faisais partie de son paysage. J'en avais les larmes aux yeux après tant de difficultés !!!

Après, au cours de ces quatre années d'étude, j'ai découvert toute l'étendue de ce fabuleux métier ; on travaille du prématuré à l'accompagnement à la mort, avec des publics extrêmement variés. En changeant de patientèle, on peut presque avoir des métiers différents en restant orthophoniste.
Quant au côté humain, il est extrêmement enrichissant. On répond à des attentes fortes, on touche au coeur de la société : la communication. Même le patient le plus handicapé peut nous apporter quelque chose.

Bref j'adore mon métier et même si ces 4 ans m'ont parfois semblé très longs, je ne regrette rien !!

bravo Myriam, ça donnerai presque envie de changer de boulot en te lisant !

Mais pas pour faire otho

Myriam a écrit:

Cilia : Je reçois des enfants principalement mais aussi des adultes

je te posais la question parce que du coup, le décor un peu "enfant" ne les dérange pas trop?
mon grand-père, qui s'était retrouvé en aphasie après un AVC, allait chez l'orthophoniste et avait très mal vécu, en plus du handicap et du sentiment de "l'approche de la fin" (il est mort 1 an + tard), d'être dans un décor d'enfant, avec des jeux d'enfants, des supports d'enfants... ça lui avait mis un grand coup au moral, il était en colère et déprimé d'être "retombé si bas".
C'était pas simple de le faire positiver sur ce plan.

Myriam, on sent bien que tu parles avec passion de ton nouveau métier.
Longue route !

réflexion très intéressante cilia.... ...

@+

Patricia.

Ha je comprends mieux ta réflexion !
En fait, je vais recevoir ces adultes la semaine prochaine pour la première fois. Mais ils ne verront pas ce bureau : en effet, je suis à l'étage, avec un escalier assez raide (maison type amiénoise pour ceux qui connaissent) que leur état de santé leur intrdira de grimper.
Je les recevrai dans le bureau de ma collègue aux heures où elle ne travaile pas. E son bureau est plus soft, elle a des placards fermés
Après, les supports utilisés seront adaptés. Même si le fond est le même, ça me semble relever du respect de la personne. Il n'y a rien qui m'exaspère plus que les gens qui parlent aux personnes "âgées" à la troisième personne... comme si elles n'existaient plus vraiment !

Ortho c'est effectivement un chouette métier, les libéraux sont souvent surchargés et on en manque cruellement dans les institutions, pourtant c'est un maillon indispensable dans une équipe paramédicale. J'ai bossé dans un foyer où le poste d'ortho a été vacant plusieurs mois, du coup le poste va à la première qui se présente...

Tu connais comme moi le souci des postes salariés : l'argent ! Quand on arrêtera d'être prises pour des abruties... Il faut savoir que, dans la fonction publique, une orthophoniste (bac + 4 même si reconnue bac+3 seulement) commence avec un salaire brut de 1400 €, soit 100 € de plus que le SMIC Dans les associations, c'est un peu mieux (1747 € bruts pour un temps plein) mais pas vraiment la panacée quand tu sais qu'en faisant le même nombre d'heures en libéral, tu multiplies par deux le salaire... Même avec une compta à faire en plus, ça donne à réfléchir.
La conséquence, c'est évidemment que les assoc pleurent pour avoir des orthos et prennent toutes celles qui veulent bien accepter leurs offres, quelles que soient les compétences

Myriam a écrit:

Ha je comprends mieux ta réflexion !
En fait, je vais recevoir ces adultes la semaine prochaine pour la première fois. Mais ils ne verront pas ce bureau : en effet, je suis à l'étage, avec un escalier assez raide (maison type amiénoise pour ceux qui connaissent) que leur état de santé leur intrdira de grimper.
Je les recevrai dans le bureau de ma collègue aux heures où elle ne travaile pas. E son bureau est plus soft, elle a des placards fermés
Après, les supports utilisés seront adaptés. Même si le fond est le même, ça me semble relever du respect de la personne. Il n'y a rien qui m'exaspère plus que les gens qui parlent aux personnes "âgées" à la troisième personne... comme si elles n'existaient plus vraiment !

ah ben je comprends mieux le choix de bureau
Pépé s'était retrouvé, à 72 berges et dans un état mental plutôt proche de la dépression, à mettre les ronds dans les trous ronds et les carrés dans les trous carrés, puis à lire des histoires de oui-oui, en gros
c'était en 1992, je me doute que ça a évolué depuis
mais du coup je me demandais effectivement comment ça se passait pour les adultes.

Oulàlà Cilia, tu touches un véritable fléau : la dépression chez la personne âgée... C'est d'ailleurs un des modes d'entrée les plus fréquents dans la démence, cette dernière pouvant alors passer longtemps inaperçue, donc ne pas être prise en charge...
Oui y'a aussi, et y'aura de plus en plus, du boulot auprès des vieux !

Uzi-Lee a écrit:

Oulàlà Cilia, tu touches un véritable fléau : la dépression chez la personne âgée... C'est d'ailleurs un des modes d'entrée les plus fréquents dans la démence, cette dernière pouvant alors passer longtemps inaperçue, donc ne pas être prise en charge...
Oui y'a aussi, et y'aura de plus en plus, du boulot auprès des vieux !

ben là en l'occurrence, c'est sa maladie (AVC avec aphasie)qui l'avait touchée moralement, il savait qu'il était sur la pente finale... et le cainet de l'orthophoniste, où on lui faisait faire des exercices "de bébé" qu'il n'arrivait pas à faire à cause de ses séquelles d'AVC, alors qu'il comprenait parfaitement ce qu'on lui demandait mais qu'il ne pouvait pas l'exprimer, ça le faisait passer de la colère à la dépression à tour de rôle.
c'est pour ça que je demandais ce qu'il en était, car l'environnement doit jouer beaucoup aussi pour des adultes qui se retrouvent dans des situations d'apprentissages liées à des pathologies que l'on voit plus chez des enfants. Ce n'est pas simplepour eux à admettre, et les outils utilisés sont primordiaux pour les apaiser.